Putain de tabac
Cette semaine dans mon jardin:
Un modeste bouquet de ce jardin bien indifférent au malheur des hommes.
et ailleurs:
Tu te sentais immortel et le verdict tant de fois repoussé les semaines précédentes était tombé en septembre dernier, abrupt: le cancer du poumon. Reclus dans le silence, sourd aux appels, tu étais réapparu trois jours plus tard, prêt à l'affrontement, refusant la mort que je ne t'entendrai plus jamais nommer.
Ignorant la camarde qui ne voulait pas lâcher prise, et autant que tes forces et la souffrance te le permettaient, tu as travaillé jusqu'au dernier jour, agrippé à la vie jusqu'à cette soirée fatale du 2 juin où tu faisais encore des projets.
Tu te nommais Claude Dumont. Ami de toujours, témoin réciproque de nos vies respectives, compagnon indéfectible de tous les prétextes et de bien des escapades, tu as cédé le premier, réduit en cendres sous une pierre tombale dans ton caveau familial de notre village natal.
Nous avions partagé bien des gueules de bois mais celle dont tu es bien malgré toi la cause aujourd'hui est sacrément rude et tenace. Gigantesque coup de blues, coup de vieux. Béance sordide.
Putain de tabac.